Les époux Geor­gette et Syl­vain Tho­mas étaient un couple de fer­miers qui occu­paient la ferme du Luneau dans le vil­lage de Selles-Saint-Denis (Loir-et-cher), en pleine « grande Sologne », avec leurs trois enfants la mère de Geor­gette, Marie Lebon, qui était sénile. Ils vécurent suc­ces­si­ve­ment un cer­tain nombre de catas­trophes, leurs enfants et leur che­val tom­bèrent malade, leurs poules mou­rurent et leur foin fut gâché par l’o­rage. Alors le couple finit par être per­sua­dé d’être vic­time d’un mau­vais sort. Ils s’en vinrent donc voir un « dénoueux de sort » de Saint-Viâtre, qui les per­suade que la mère de Geor­gette (qui était déjà vic­time de rumeur de sor­cel­le­rie) était « la j’teuse de sorts » à l’o­ri­gine de leurs pro­blèmes.

Le , aidé des frères de Geor­gette, Alexandre et Alexis Lebon, Geor­gette et Syl­vain Tho­mas asper­gèrent Marie Lebon d’eau bénite et de pétrole avant de la brû­ler vive dans la che­mi­née, sous l’œil des trois enfants du couple, en la « pilant » à coups de talon. Sym­pa.

Le pro­cès a lieu le , et leur fille de huit ans, Eugé­nie, témoigne, ingé­nu­ment, contre eux devant le jury, qui est convain­cue que le motif était l’héritage Lebon. C’est l’auteur régio­na­liste Hubert-Fillay qui mon­tre­ra, des décen­nies plus tard, l’importance de ces croyances dans son roman Des j’teux de sorts à la guillo­tine (que je vais m’empresser de lire).

Le , Geor­gette et Syl­vain Tho­mas sont condam­nés à mort, et seront guillo­ti­nés le 24 jan­vier 1887 au petit matin, sur la place d’Armes de Romo­ran­tin, actuelle place de la Paix, devant plus de 2000 per­sonnes. Geor­gette croyait tel­le­ment en une grâce pré­si­den­tielle qu’elle fit un qua­si-scan­dale, fai­sant semble-t-il dire au bour­reau Louis Dei­bler que l’é­pi­sode était bien pénible.

double exé­cu­tion des époux Tho­mas, les par­ri­cides de Selles-Saint-Denis. Gra­vure sur cuivre de For­tu­né Méaulle parue dans Le Jour­nal Illus­tré, d’après un des­sin d’Henri Meyer. 1887.

Il semble que Geor­gette Tho­mas soit la der­nière femme exé­cu­tée en public en France. Elle est la der­nière femme exé­cu­tée en France durant 54 ans (jus­qu’à l’exé­cu­tion d’É­li­sa­beth Lamou­ly veuve Ducour­neau, en 1941 pour meurtre par empoi­son­ne­ment). Les frères de Geor­gette sont quant à eux condam­nés au bagne à per­pé­tui­té.

Gravure sur cuivre de Fortuné Méaulle parue dans Le Journal Illustré, d’après un dessin d’Henri Meyer. 1887. Archives du Loir-et-Cher

Gra­vure sur cuivre de For­tu­né Méaulle parue dans Le Jour­nal Illus­tré, d’après un des­sin d’Henri Meyer. 1887. Archives du Loir-et-Cher

On dit que ce fait divers de Loir-et-Cher ins­pi­ra pro­ba­ble­ment Émile Zola pour son ouvrage La Terre sor­ti en 1887 et que je n’ai pas lu.

Mer­ci à Claude Arz dont le livre « La France mys­té­rieuse » m’a mis sur cette piste ce matin, et aux quelques recherches en ligne rapides. Je n’ai pas fouillé les archives his­to­riques, donc mer­ci de me cor­ri­ger les impré­ci­sions.

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